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Bahreïn: nouvelle étape vers la liquidation de l'opposition chiite Al-Wefaq

Bahreïn veut asphyxier un peu plus le principal mouvement d’opposition chiite bahreïni, Al-Wefaq. Un tribunal administratif a ordonné la confiscation de ses biens et actifs, et leur mise aux enchères. Ce parti d’opposition, dissous en juillet 2016, est accusé de «favoriser le terrorisme» et d'inciter à la violence, dans un royaume à majorité chiite mais dirigé par une dynastie sunnite.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manifestation de soutien au cheikh Ali Salman, le 29 mai 2016, au siège du mouvement d'opposition Al-Wefaq, situé dans le village de Zinj à la périphérie de la capitale Manama. (MOHAMMED AL-SHAIKH / AFP)

Le Bahreïn s'apprête à mettre aux enchères les actifs d’Al-Wefaq (L’Entente), y compris ses quartiers généraux près de Manama ainsi que deux autres bureaux situés dans des villages chiites, le 26 octobre 2016, a-t-on appris d'une source judiciaire. La dissolution du principal mouvement d'opposition, le 17 juillet dernier, avait suscité de vives critiques de la part du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et de l’Iran chiite que Bahreïn accuse d’ingérence.

Le chef d’Al-Wefaq, cheikh Ali Salmane, purge, depuis fin 2014, une peine de neuf ans de prison pour «complot contre le régime» et «incitation à la désobéissance». Le 17 octobre 2016, la Cour de cassation de Bahreïn a annulé le verdict et ordonné à la Cour d'appel procéder au réexamen de l'affaire visant M. Salmane. La plus haute juridiction avait toutefois refusé, le 3 octobre, une demande de libération. Il n'a pas été précisé s'il serait, cette fois, libéré ou non, en attendant le réexamen de son dossier.


Plus grand bloc parlementaire avant février 2011
L’arrestation puis l'incarcération du leader chiite avait coïncidé avec une campagne de répression contre Al-Wefaq. Ce mouvement comptait le plus grand bloc parlementaire avant la démission, en février 2011, de ses députés opposés à la répression à l'encontre de manifestants  qui réclamaient une monarchie constitutionnelle et un Premier ministre élu, dans la foulée du Printemps arabe.

Dans une autre affaire visant trois chiites condamnés à mort et sept à la perpétuité, la cour de Cassation a également demandé un renvoi en appel. Ces dix personnes avaient été reconnues coupables d’avoir commis un attentat à la bombe, le 3 mars 2014, dans un village chiite, tuant trois policiers, dont un officier émirati. Le procureur général de Bahreïn a attribué cette attaque aux Brigades al-Achtar, groupe clandestin qui a revendiqué l'attentat. Le verdict, rendu en février 2015, avait été confirmé en appel trois mois plus tard.

Lourdes peines et déchéance de nationalité
Bien que les actes de violence ont baissé en intensité ces dernières années, la justice de Bahreïn continue de prononcer de lourdes peines de prison contre les auteurs présumés d'attaques visant les forces de l'ordre.

Ces condamnations sont souvent accompagnées d'une déchéance de nationalité. Depuis 2012, plus de 300 Bahreïnis ont été concernés par cette mesure et sept d'entre eux ont été déjà expulsés, ont indiqué à la mi-septembre deux militants du pays, Jawad Fairouz et Yousef Al-Mohafdha, lors d'une rencontre avec la presse à Genève. 

Régulièrement secoué par des troubles depuis 2011, le petit royaume du Golfe, qui compte 1,3 million d'habitants, dont 65% sont chiites, est dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa depuis le XVIIIe siècle. 

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