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Casinos au Japon: un risque pour les addicts, une aubaine pour les investisseurs

Le Parlement nippon a légalisé l’implantation des casinos dans son archipel, le 14 décembre 2016. Depuis, les investisseurs étrangers se frottent les mains avec l’ouverture de ce nouveau marché.
Article rédigé par Camille Mordelet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Jusqu'à présent interdits, les casinos vont pouvoir faire leur apparition au Japon après le vote d'une nouvelle loi au Parlement.  (REUTERS/Yuya Shino)

Les Japonais vont pouvoir jouer aux jeux d’argent dans des casinos. Un mois après la rencontre entre le Premier ministre Shinzo Abe et le président américain Donald Trump, le Parlement japonais a voté le 14 décembre une loi sur les complexes de loisirs. Elle doit accompagner le tourisme grandissant dans l’archipel en vue des Jeux Olympiques de Tokyo de 2020.

Une victoire politique pour le libéral Shinzo Abe, qui a plusieurs fois tenté de faire voter cette loi, sans succès. Macao et Singapour ont été les derniers territoires d’Asie à légaliser l’implantation des casinos, générant avec le temps des milliards de dollars de bénéfice. Un exemple que veut suivre le gouvernement japonais.

L’ouverture de ce nouveau marché est anticipée depuis plusieurs années par les investisseurs étrangers, prêts à bondir sur l’opportunité. C’est par exemple le cas de Sheldon Adelson, magnat américain et chef exécutif de l’entreprise Las Vegas Sands, accessoirement le plus gros donateur de la campagne présidentielle de Donald Trump (25 millions de dollars). Il affirmait en 2014 qu’il était prêt à investir 10 milliards de dollars pour implanter ses casinos au Japon.

L’addiction, une question qui blesse
Le vote de la loi ne s’est pas fait sans opposition. Ses détracteurs pointent du doigt les intérêts économiques des groupes de pressions qui ont travaillé avec le parti politique à l’origine de cette loi : celui de Shinzo Abe, le Parti libéral démocrate (PLD). Ils craignent que ces casinos deviennent des points de passages d’envergure pour la pègre japonaise, les yakuzas, qui pourraient ainsi facilement blanchir de l’argent sale. Mais leur principale inquiétude porte sur les risques d’addiction, déjà importants au Japon. La dépendance aux jeux et à internet toucherait 5% des adultes japonais, comme le rappelait Géopolis en 2014


Les salles de jeux vidéo et d’arcades font partie de la culture japonaise. Elles sont fréquentées par des personnes de tous âges, sexes et origines sociales.
Cette clientèle diversifiée pourrait se reporter sur la fréquentation des casinos, ce qui renforce d’autant plus les appétits des investisseurs et l’inquiétude des opposants. Ces derniers craignent qu’un nombre important de personnes se fassent piéger par ce système et se ruinent, ainsi que leurs familles.

Ces différents points auront le temps d’être développés et anticipés par l’archipel nippon. Entre l’obtention des permis de construire et les résistances des acteurs nationaux qui voudront leur part du gâteau, les analystes pensent que les casinos ne fleuriront pas dans le pays avant 2023. 

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