Ibrima Solo Krummah était cadre du Parti démocratique uni (UDP). Ses proches ont appris par l’hôpital Edward Francis Small sa mort le 20 août 2016, lors d’une intervention chirurgicale. Il avait été arrêté le 9 mais 2016. La famille n’a jamais été avertie officiellement de son hospitalisation. Les manifestations succèdent aux arrestations depuis le printemps en Gambie. Et désormais, il faut y ajouter les décès de responsables politiques de l’opposition. Premier mort, le 15 avril 2016, Solo Sandeng responsable de l’organisation de l’UDP peu de temps après son arrestation. Il participait à une manifestation avec une vingtaine de personnes pour réclamer l’application de réformes électorales en vue de l’élection présidentielle de décembre. Selon les militants du parti, Solo Sandeng a été torturé à mort par des agents de l’Agence nationale de renseignement, des hommes proches de la présidence. Un décès qui a alerté l’ONU. Ban Ki-moon, son Secrétaire général, a réclamé une enquête «rapide, indépendante et approfondie» pour faire la lumière sur ce décès. TransparenceC’est également ce que réclament Amnesty International et Human Rights Watch dont la directrice pour l’Afrique de l’Ouest, Corinne Dufka, parle de «mort en détention insensée», «le dernier épisode en date d’une longue série d’abus commis contre l’opposition politique en Gambie.» Ainsi, le 16 avril 2016, une manifestation pour réclamer justice après la mort de Solo Sandeng a été dispersée par la police à coups de grenades lacrymogènes. Plusieurs manifestants ont été arrêtés dont le leader de l’UDP, Ousainu Darboe. Rapidement jugé, il a été condamné à trois ans de prison ainsi que 17 co-accusés. Répression sans failleLe président Yahya Jammeh est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1994. La pression internationale l’oblige à organiser, en 1996, un scrutin présidentiel. Selon Jeune Afrique, Jammeh va mettre en place «un système politique personnel basé sur le mysticisme et le culte de sa propre personne, accompagné comme il se doit de la répression des libertés fondamentales de son peuple.» Le multipartisme n’est plus qu’une coquille vide. Si l’opposition existe, elle doit d’abord se taire, comme le montre les récents évènements. D’ailleurs, beaucoup d’opposants vivent en exil au Sénégal voisin. Les relations entre les deux pays sont devenues délétères. Dakar soutient l’opposition gambienne tandis que la Gambie aide la rébellion en Casamance.Réélu successivement tous les cinq ans, Yahya Jammeh donne un nouveau tour de vis pour obtenir un cinquième mandat.