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Iran : splendeur et décadence du milliardaire Babak Zanjani

Le jeune milliardaire iranien Babak Zanjani voit son empire démantelé et vendu aux enchères après sa condamnation à mort. Retour sur une ascension éclatante et une chute non moins retentissante.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Tribunal de Téhéran, en Iran, le 6 mars 2016. Le milliardaire Babak Zanjani comparaît.

 (Tasnim News / AFP)

Jeune, les cheveux clairs, propirétaire d'une voiture de grand luxe et portant une montre à 30.000 dollars, Babak Zanjani, 39 ans à l'époque de son procès fin 2013, estime sa fortune à 13,5 milliards de dollars. A la tête d'un conglomérat, selon ses dires, de 64 sociétés tant iraniennes qu'étrangères, il compterait 17.000 employés.

Une fortune bâtie, dans un premier temps, sur le commerce de peaux de mouton, mais qui s'est largement accrue et consolidée grâce à la vente du pétrole iranien malgré l'interdiction internationale, via un carnet d'adresse bien fourni et son entregent. Bref, Babak Zanjani avait tout pour lui.

Mais son côté ostentatoire et exhibitionniste en a exaspéré plus d'un.
 
Contournement des sanctions 
L'embargo sur le pétrole iranien était le résultat de sanctions de l'ONU, de l'UE et des Américains pour «punir» le pays de ne pas avoir respecté son accord de non-prolifération nucléaire. Ayant besoin de devises internationales, le président Ahmadinedjad s'était employé à contourner les sanctions et à trouver malgré tout preneurs de son pétrole. Babak Zanjani était l'un des hommes-clés de cette entreprise de contournement. Cet homme d'affaires à la solde de l'ancien président Ahmadinejad se faisait fort de le vendre en dépit de l'interdiction et de rapatrier les bénéfices générés. Il reconnaît volontiers s'être aussi servi au passage.

Repéré, il a été mis sur la liste noire européenne et américaine, certains de ses comptes et avoirs ont été gelés aux Etats-Unis. Ses vrais ennuis ont commencé avec l'arrivée du nouveau président, Hassan Rohani, à la tête de l'Iran en juillet 2013. Ce dernier avait multiplié les déclarations relatives à la corruption et au paiement des commissions illégales qui, selon lui, ont prospéré sous le régime d'Ahmadinejad. En outre, il avait annoncé que la lutte contre la corruption serait une de ses priorités. 

La chute
Babak Zanjani, et plusieurs autres magnats dont la fortune a été considérée comme douteuse, se sont retrouvés devant la justice à devoir répondre de corruption. Zanjani était accusé d'avoir détourné 2,8 milliards de dollars (2,54 milliards d'euros). Il a finalement été condamné à mort avec deux autres co-accusés pour «corruption sur terre» et «détournement de fonds». Il a également été condamné à rembourser la Compagnie nationale iranienne du pétrole la somme de 2,84 milliards de dollars et une amende équivalent au quart de la somme pour blanchiment d'argent. Afin de récupérer une partie de l'argent exigé, la justice a aussi ordonné la vente aux enchères de la plupart de ses biens, un certain nombre de maisons et d'appartements luxueux seront ainsi vendus, comme des magasins et autres propriétés du magnat. 

Le samedi 20 août 2016 était la date limite à laquelle les personnes ou sociétés désirant se porter acquéreuses d'une partie des biens de Zanjani peuvent déposer leur demande. Le démantèlement de son empire pourra alors se faire en bonne et due forme, en attendant son exécution.

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