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Islande: le Parti pirate proche du pouvoir?

Le gouvernement islandais, touché par le scandale des «Panama papers», a finalement décidé d’avancer la date des élections législatives. Les électeurs voteront le 29 octobre 2016 et les premiers sondages donnent le Parti pirate en tête, façon de montrer le rejet des Islandais pour les partis traditionnels dans un pays qui, pourtant, a renoué avec la croissance.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Parti pirate bénéficie de vents porteurs en Islande (Capture écran du site du Parti pirate islandais) (DR)

A la suite des révélations sur les comptes du Premier ministre au Panama, les Islandais, lors de manifestations d'une ampleur historique à Reykjavik,  avaient réclamé un nouveau scrutin pour chasser du pouvoir l'exécutif de centre-droit.  Le Premier ministre, Sigmundur David Gunnlaugsson, avait démissionné, mais le gouvernement s'était maintenu au pouvoir, à peine remanié.

Les Islandais ont montré à plusieurs reprises, depuis la crise de 2008, leur capacité à bouleverser le jeu politique traditionnel, grâce au recours à la démocratie directe et aux manifestations de masse. C’est un des rares pays qui a vu des responsables financiers finir en prison. C’est aussi un pays qui a refusé de jouer le jeu sur la dette et qui a dit non à l’Europe.  Et ce cocktail a réussi puisque l’économie de ce petit pays a redémarré.

Pourtant, à en croire les sondages, les électeurs islandais devraient sanctionner le parti au pouvoir (mais pas forcément son allié dans la coalition conservatrice) mais aussi l’opposition, lui préférant le Parti pirate et ses idées de démocratie directe. Au plus fort de la tempête des Panama Papers, ce jeune parti récoltait près de 40 % des intentions de vote. Aujourd’hui, il tournerait autour de 30%, le rendant incontournable pour gouverner en cas de victoire de l'actuelle opposition. 

Les propositions du Parti pirate se veulent innovantes : plus grande transparence du gouvernement, mise en place d’une nouvelle constitution, mécanismes de démocratie directe et proposition d’asile politique pour le lanceur d’alerte et ex-employé de la CIA Edward Snowden, actuellement réfugié en Russie. Fondé en 2012 par un groupe de militants et de hackers du mouvement international anti-copyright, le Parti pirate islandais avait récolté 5% des suffrages lors des élections de 2013, faisant son entrée au parlement national, avec trois sièges.

 
La dirigeante du mouvement, Birgitta Jonsdottir (interviewée ici), a indiqué que les «pirates» étaient prêts à former une coalition avec tout partenaire qui accepterait leur volonté de «changement fondamental du système». Ce sera la seconde fois que les Islandais voteront en 2016. En juin, pour la présidentielle, ils avaient déjà élu un nouveau venu, Gudni Johannesson, qui avait surfé sur la vague anti-système, battant un ancien Premier ministre.

Au-delà d’une remise en cause de la classe politique traditionnelle, comme cela peut se faire dans de nombreux pays européens, au nord comme au sud, le cas islandais est aussi celui d’un tout petit pays dans lequel des dynasties politiques vivent un moment difficile. Notamment au sein des partis conservateurs qui gouvernent quasi sans discontinuer depuis la guerre. Mais les Islandais auront-ils envie de bouleverser un système qui, pour l’instant, assure la croissance ? Réponse le 29 octobre.

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