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La dépollution du delta du Niger au point mort

Les années passent et rien ne semble changer dans l’Ogoniland au Nigeria. Le delta du Niger est pollué par l’exploitation pétrolière et les vols sur les pipelines. Pourtant, les premières opérations de dépollution remontent à 1975. Manque de volonté dans le nettoyage? Anarchie dans l’exploitation? Vols? Les causes de l’incurie sont multiples.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Installations pétrolières de la compagnie Shell et terminal gazier sur l'Ile de Bonny dans le delta du Niger, le 18 mai 2005. (Photo AFP)

En juin 2016, le président Buhari lançait le programme de dépollution du delta du Niger. Il s’agissait de se débarrasser définitivement de la pollution aux hydrocarbures qui, depuis 50 ans, impacte l’environnement mais aussi la vie des hommes. Selon les Nations Unies, le nettoyage pourrait durer une trentaine d’années. Il faudra bien sûr continuellement trouver les fonds pour achever le travail.
 
Selon le rapport de l’ONU, le secteur a été victime de près de 3000 déversements de pétrole depuis le début de l’exploitation. Plus de deux millions de barils ont été répandus, soit 318.000 m3 (plus que la marée noire de l’Amoco Cadiz en France en 1978). Près de la moitié de ces déversements incombe à la compagnie Shell. Mais cela vient également des pillages sur les pipelines sabotés, ou des raffineries sauvages fruits de la pauvreté.

Ce sera la plus grande opération de dépollution jamais réalisée dans le monde, reconnaît le rapport, si tout doit être remis dans son état originel. C’est-à-dire nettoyer la mangrove, les criques, les terres, rendre l’eau douce de nouveau potable. «Nous n’allons pas seulement mettre en œuvre le rapport, nous allons aller au-delà pour faire revivre le Delta», disait il y a un an Amina Mohammed, la ministre nigériane de l’Environnement.

 
Sauf que les premiers effets tardent à se faire sentir. «Les gens de l'Ogoniland n'ont toujours pas accès à l'eau potable, et je ne parle même pas d'électricité, ou d'écoles ni de routes», explique à l’AFP Fegalo Nsuke, membre du Mouvement pour la survie du peuple Ogoni.
 
En effet , seuls dix millions de dollars ont été alloués au programme. En comparaison, Shell a dédommagé les habitants de Bodo à hauteur de 70 millions de dollars, pour la marée noire de 2008. 10 millions de dollars alors que le coût total de la dépollution est estimé à un milliard, et peut-être trois fois plus.

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