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Le «féminicide», triste record de l'Amérique Centrale

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
En Amérique Latine, l’Amérique Centrale tient la première place en nombre d’homicides de femmes. Les meurtres en série de Ciudad Juares, au Mexique (Amérique du Nord), ont mis en évidence ce phénomène, appelé «féminicide».

Si le crime organisé et les gangs, comme les Maras, y sont pour beaucoup, la violence commence souvent à l’intérieur de la famille ou du domicile conjugal. Là où le machisme et la misogynie sont profondément ancrés dans les mœurs.
 
Pour y répondre, de nombreux pays de cette région du monde ont inscrit dans leur code pénal le terme de «féminicide». C’est un début, mais le combat des femmes contre l'impunité est loin d'être gagné.
 
Le Guatemala a le troisième taux le plus élevé d’homicides en Amérique Centrale, derrière le Honduras et le Salvador, qui remporte ce premier prix macabre. Dans ces pays, la violence et le nombre de meurtres de femmes est en perpétuelle progression.
 
Les photographes Ulises Rodriguez et Jorge Dan Lopez de l’agence Reuters ont passé des mois au Guatemala et au Salvador pour rendre compte de cette violence.
 
Quinze de leurs photos prises entre juin et octobre 2013 témoignent de cette situation.

c’est grâce à la féministe et activiste Diana Russell qu'il a été popularisé. Elle le conceptualise dans son livre «Femicide : Politics of Woman Killing», publié en 1992, où elle en donne la définition suivante : il s’agit du «meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme». (REUTERS / Ulises Rodriguez)
la Convention de Belém do Pará jette les bases de la définition juridique pour prévenir, sanctionner et éliminer la violence contre les femmes.  (REUTERS / Ulises Rodriguez)
est de politiser le terme de «féminicide» pour que les meurtres de femmes ne soient pas traités comme de simples homicides par la justice.
Elles demandent que les Etats soient sanctionnés s’ils ne garantissent pas la sécurité d’une population stigmatisée en raison de son genre. Mais aussi s’ils ne mettent pas ou peu de procédures en place, pour enquêter et résoudre ces crimes.  ( REUTERS / Ulises Rodriguez  )
quand la Cour interaméricaine des droits de l’Homme prononce le 10 décembre 2009 une condamnation contre l'Etat mexicain, pour déni de droits dans les assassinats de trois femmes à Ciudad Juarez. «L'Etat mexicain a failli à son devoir d'enquêter et de garantir les droits à la vie», a déclaré la cour. (REUTERS/Jorge Dan Lopez )
dans la région Ciudad Juarez au Mexique, des milliers de femmes sont assassinées et leurs cadavres sont retrouvés mutilés et violés, jetés au bord des routes, dans des décharges ou le désert. La grande majorité de ces meurtres reste à ce jour non-élucidés.  (REUTERS / Jorge Dan Lopez )
et la sentence historique contre le Mexique ont mis en lumière le phénomène du «féminicide». (REUTERS / Jorge Dan Lopez )
dans le traitement particulier de ce genre d’affaires. Pourtant, pour les militants de la cause des femmes, il reste beaucoup à faire au niveau des Etats. Des moyens judiciaires, des structures policières et des actions politiques doivent être spécifiquement mis en place, car la négligence prévaut toujours dans la prise en charge de ce genre de délits.  (REUTERS / Ulises Rodriguez)
Sur l'ensemble des cas d'homicides, moins de 4% débouchent sur une condamnation des auteurs présumés. Le Grupo Guatemalteco de Mujeres (CGM), qui lutte contre la violence faite aux femmes, précise que 66% ont été tuées par armes à feu, 13% brûlées ou poignardées et 11% asphyxiées. Le nombre de décapitations est en pleine expansion. Le GGM souligne également qu'un nombre croissant de gamines de moins de 11 ans et d'adolescentes sont tuées. Certaines sont retrouvées aux côtés du cadavre de leur mère. (REUTERS / Jorge Dan Lopez)
un rapport de l'Organisation panaméricaine de la Santé et des Centers for Disease Control and Prevention sur des femmes de 15 à 49 ans mariées, ou vivant avec un conjoint, indique que plus d'un quart des femmes interrogées au Guatemala et au Salvador ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire.  (REUTERS / Jorge Dan Lopez)
Appuyée par l’ONU, la Commission internationale contre l'impunité a soutenu le système judicaire guatémaltèque pour que l'impunité ne soit plus la norme.  (REUTERS / Jorge Dan Lopez)
le gouvernement a mis en place de nouvelles mesures pour lutter contre ce fléau.
Des tribunaux spéciaux ouverts 24h/24, créés par Roxana Baldetti, vice-présidente du pays, ont permis d’élucider des «féminicides» commis par les gangs. Preuve que les obstacles peuvent être surmontés lorsqu’une volonté politique est instituée.  (REUTERS / Ulises Rodriguez )
C’est le meurtre de deux Françaises en vacances en Argentine, en juillet 2011, qui a permis d’introduire la notion de «féminicide» dans le code pénal du pays quelques mois plus tard. Dorénavant, si l'homicide est puni d'une peine allant de 8 à 25 ans, le «féminicide» entraîne la prison à vie. (REUTERS / Jorge Dan Lopez)
Jean-Michel Bouvier, lutte pour que le «féminicide» soit reconnu en France. Il en a fait le combat de sa vie, en mémoire de sa fille Cassandre. Ces dernières années, cette notion a également commencé à se faire entendre en Espagne et en Italie. (REUTERS / Jorge Dan Lopez)
l'Argentine suit l'exemple du Nicaragua, de la Bolivie, du Pérou, qui ont créé une législation spéciale pour ce type de crime fin 2011. Tout comme l’ont fait le Chili, le Costa Rica, la Colombie, le Salvador, le Guatemala et le Mexique.  ( REUTERS / Jorge Dan Lopez )
dispose d’une loi sur la violence domestique depuis quinze ans. Selon ONU-Femmes, le «féminicide» reste cependant la deuxième cause la plus fréquente de décès dans ce pays. En octobre 2013, l’Equateur a inscrit à son tour le «féminicide» dans le code pénal. ( REUTERS / Jorge Dan Lopez)

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