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Le juge Trévidic dénonce «la politique du monde» qui a laissé Daech prospérer

Après les attentats qui ont endeuillé la France le 13 novembre 2015, le magistrat Marc Trévidic pointe les choix diplomatiques et économiques des pays riches qui ont contribué, au fil des ans, à faire de Daech un groupe terroriste «hyperpuissant».
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Le juge Marc Trévidic sur le plateau de France 2 le 14 novembre 2015 (Capture d'écran France 2/DR )

L'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic a estimé samedi 14 novembre 2015 sur les antennes de France 2 que les options géopolitiques et économiques choisies par les pays occidentaux sont en partie responsables de l'expansion du groupe Etat islamique (EI). Il remet d'abord en cause l'attentisme de la communauté internationale face à la situation en Syrie. «Pendant trois ans, on a laissé (Daech) grossir et devenir hyperpuissant», a estimé le magistrat interrogé sur les raisons qui expliquent  les attentats du 13 novembre 2015 revendiqués par EI. En cause, selon Marc Trévidic, «la politique du monde parce qu'il n'y a personne à pointer du doigt». «Les histoires de "la Russie protège un tel" (La Russie soutient le régime syrien) fait qu’on a rien fait..(...) On a laissé un monstre grossir. Une fois qu’un groupe terroriste est fort, il s’exporte». 



Liens troubles avec l'Arabie saoudite
Marc Trévidic pointe ensuite les relations ambigües des pays occidentaux avec certains Etats du Golfe, notamment l'Arabie saoudite. Si le juge souligne que la stratégie de lutte contre le radicalisme doit être multidimensionnelle, il rappelle que l'on doit avant tout lutter contre l'idéologie qui la sous-tend, le salafisme. Ce courant, né à la fin du XIXe siècle, est «très proche du wahhabisme (courant  qui se distingue par une lecture littérale de l'islam et par son aspect rigoriste et puritain), auquel il peut pratiquement être assimilé dans sa version la plus conservatrice», explique le Dictionnaire mondial de l'islamisme (Plon). 


«Le wahhabisme (dont l'Arabie saoudite est considérée comme le berceau) a diffusé (le salafisme) sur la planète depuis le conflit en Afghanistan, (en somme) depuis 1979, avance le juge antiterroriste. Est-ce qu’on est copains avec (les Saoudiens) pour des raisons économiques ? La politique américaine, c'est :"On adore les fondamentalismes religieux s’ils sont libéraux économiquement". C’est comme ça depuis des années". C’est leur crédo ! C’est super les Saoudiens, c’est super le Qatar, les Emirats arabes unis parce qu'ils commercent...»
 
Et de conclure : «Elles sont où nos valeurs? On peut serrer la main de quelqu’un qui voile intégralement sa femme sous prétexte qu’il nous vend des armes ou qu’on lui achète (…) du pétrole...»

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