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Le plan Juncker peine à relancer une Europe en mal de croissance

Lancé en juin 2015, le plan Juncker devait relancer l'économie européenne, en mobilisant 315 milliards d'euros d'investissements de 2015 à 2017. Début avril 2017, 183 milliards avaient été investis, un chiffre encore insuffisant pour insuffler une nette reprise de la croissance. La commission européenne table désormais sur une croissance de la zone Euro de 1,6% en 2017, après 1,7% en 2016.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Conférence de presse du président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker (AFP/Dursun Aydemir / ANADOLU AGENCY)

Alors que la croissance reste molle en Europe, que l'investissement peine à repartir, tous les pays cherchent à relancer leur économie et l'emploi. 

Après la grave crise financière de 2008, les banques affaiblies ont fortement freiné leurs investissements. Face à cette frilosité, le Fonds Européen pour les Investissements Stratégiques (FEIS), aussi appelé plan Juncker (du nom du président de la Commission européenne), devait inciter les acteurs à financer des projets plus risqués.
 
Initialement doté de 21 milliards d’euros, le FEIS a permis de mobiliser 180 milliards d’euros de capitaux public et privés investis à ce jour dans des secteurs d’avenir comme la transition énergétique, le numérique, les réseaux haut débit… C’est le fameux «effet de levier» qui permet d’attirer des capitaux privés, parce que les institutions publiques acceptent de supporter une partie du risque.
 
L'ébauche d'un budget européen
Parmi les pays ayant le plus bénéficié du FEIS, l’Italie occupe la première place, devant la France et l’Espagne. La Grande-Bretagne bénéficie (malgré le Brexit) également d’investissements importants. Les programmes soutenus sont divers, tels que les infrastructures de transport en Italie ou la production laitière en Pologne, un parc éolien en Belgique…

Le plan a, pour le moment, essentiellement profité aux pays riches. La Grèce en revanche, qui a présenté 42 projets, n’a jusqu’à présent bénéficié que de 6 milliards d'euros d'investissements. Cela montre une des limites du plan Juncker: sans le soutien du privé, point de salut.
 
Investissements du FEIS par secteur d'activité sur la base des projets réalisés  (source Commission Européenne)

22 milliards pour la France
En France, 35% des investissements opérés par la Banque européenne d'investissement (BEI) l’ont été dans le secteur des énergies renouvelables (fermes éoliennes et photovoltaïques). 3,2 milliards d’euros ont été consacrés à la modernisation des moyens de transport collectif – notamment pour la première ligne du Grand Paris Express.

La BEI finance par des prêts à long terme le déploiement du très haut débit numérique dans les zones peu denses (notamment en Alsace et dans Nord-Pas de Calais). Elle participe à la création (en Auvergne) de la première usine européenne de recyclage et de refonte des déchets de titane aéronautique, aujourd’hui exportés aux Etats-Unis.

La Banque européenne d'investissement a soutenu, avec un budget de 500 millions d’euros en 2016, la création de 13.000 logements (d’ici à 2019), et des travaux d’économie d’énergie dans les bâtiments.

La formation n’est pas oubliée: elle a bénéficié de 705 millions d’euros répartis dans les collèges, lycées et universités. 30 millions d’euros vont permettre d’étendre le programme Erasmus aux apprentis (Erasmus+).

1,2,3 plans Juncker
Mais malgré cette impulsion européenne, malgré la chute des prix du pétrole, la croissance française est restée terne. 1,2% en 2015, 1,1%  en 2016. On est loin des taux de croissance des décennies précédentes.
 
Si toutes les tentatives pour stimuler l’économie européenne sont bonnes à prendre, elles peinent à compenser les politiques de réduction des déficits publics (austérité) qui ont miné l’investissement ces dernières années.
En dépit du plan Juncker et de la politique monétaire très accommodante de la BCE (des taux d’intérêt proche de zéro), la croissance tarde à repartir en Europe, comme le prouve  l'inflation, toujours loin de l’objectif des 2%.

Ces politiques volontaristes restent insuffisantes pour relancer une croissance déprimée par le vieillissement de la population (moins de consommation et plus d’épargne) et surtout par une austérité qui a étouffé la reprise. Une politique pour dynamiser la croissance européenne qui s’est revélée lente et peu ambitieuse.
 
Relancer l'Europe sociale
Dans un discours devant le Parlement européen, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a proposé de doubler la durée et la capacité de son plan d'investissement.

Le nouvel objectif de la Commission européenne serait d’atteindre 500 milliards d’euros d’investissements en 2020 et 630 milliards en 2022. Cette ambition pour faire redécoller l'économie européenne doit se doubler d’une relance de la consommation avec l’instauration d’un salaire minimum et une hausse des bas salaires partout en Europe. Un dossier actuellement sur la table de la Commission européenne.

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