Dix jours de manifestations et de violences quotidiennes de milliers de Bulgares en colère contre la pauvreté et la cherté de l'électricité ont donc eu raison du gouvernement conservateur. Dans un premier temps, ce dernier avait limogé le ministre des Finances, Simeon Djankov. Alors que la grogne était à la hauteur du montant des factures d'électricité, qui a plus que doublé en janvier par rapport au mois précédent, un politologue bulgare alertait l’opinion : «Une situation révolutionnaire commence à se créer. Les gens refusent d'être gouvernés par quelques monopolistes et oligarques.» Comme pour corroborer ses dires, les slogans anti-gouvernementaux s’étaient multipliés dans les défilés. L'opposition réclamait la démission du gouvernement et des législatives anticipées (les élections étaient prévues en juillet). Face à la vague de mécontentement, le Premier ministre avait tenté de résister : bien que rejetant toute nationalisation, Boïko Borissov avait promis de baisser de 8% les prix de l'énergie dès mars. Sa recette : l’arrêt du gros des exportations de la centrale nucléaire de Kozlodoui qui produit de l’énergie à meilleur marché. Au risque de mener à la faillite la seule centrale nucléaire du pays. En rejetant la faute sur les fournisseurs d'énergie, le gouvernement avait aussi retiré le 19 février la licence de l’entreprise tchèque CEZ. Le Parquet l'accusait d’avoir appliqué «une procédure lente de réponse aux plaintes des consommateurs», d'avoir fourni de l'électricité de moins de 220 volts et d’avoir demandé aux consommateurs de payer pour une période plus longue qu'un mois. La Bulgarie, soumise à un strict régime d’austérité depuis 1997, connaît un «problème de la pauvreté de ceux qui travaillent », ce qui «est un des principaux facteurs de mécontentement», a analysé un expert. En effet, le salaire moyen mensuel n'y atteint que 350 euros, faisant de lui le pays le plus pauvre de l'Union européenne.