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Les réserves de pétrole et gaz de schiste dans le monde

Les réserves de schiste représentent un tiers du gaz mondial et environ 10% de la totalité du pétrole techniquement exploitable dans le monde. Selon les données d'une étude de l'Agence américaine d'informations sur l'Energie (EIA), qui revoit à la hausse les estimations antérieures, ces réserves se concentrent dans un petit nombre de pays mais leur rentabilité potentielle reste incertaine.
Article rédigé par Jean Serjanian
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Les réserves du champ de Sunset Midway, en Californie, sont estimée à 15 milliards de barils de pétrole techniquement exploitable par fracturation hydraulique, ou fracking. Cette technique nécessite l'injection de grandes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques dans les formations de schiste pour récupérer les hydrocarbures en surface. (REUTERS PHOTO/Lucy Nicholson )
Plus de la moitié des ressources identifiées de pétrole de schiste hors Etats-Unis se trouvent concentrées dans quatre pays: Russie, Chine, Argentine, et Libye. Les Etats-Unis se placent en deuxième place de ce classement derrière la Russie, selon cette étude de l'EIA (en anglais) qui dépend du ministère de l'Energie américain.

De même, plus de la moitié des réserves de gaz de schiste hors Etats-Unis, qui détiennent les quatrièmes réserves mondiales estimées, sont concentrées dans cinq pays: la Chine, l'Argentine, l'Algérie, le Canada et le Mexique.

  (AFP)

Actuellement, «seuls les Etats-Unis et le Canada produisent du pétrole et du gaz de schiste en quantités commerciales», souligne l'étude parrainée par l'EIA, qui porte sur 137 formations de schiste dans 41 pays.

«Plusieurs nations ont commencé à évaluer et tester l'exploitation potentielle», en tête desquelles «la Pologne, qui a distribué des concessions en vue de prospection et avait foré 43 puits d'essais en avril 2013», note-t-elle. «L'Argentine, l'Australie, la Chine, l'Angleterre, le Mexique, la Russie, l'Arabie Saoudite et la Turquie ont lancé des explorations ou manifesté de l'intérêt pour leurs formations de schiste», ajoute-t-elle.


La France bien placée parmi les pays européens 
En termes de réserves de pétrole de schiste estimées, la France se place au premier rang européen avec 4,7 milliards de barils, devant la Pologne (3,3 milliards) et les Pays-Bas (2,9 milliards). Elle détient en outre en Europe, derrière la Pologne, les deuxièmes réserves estimées de gaz naturel dit «liquide», c'est-à-dire éthane, butane ou propane, transformable comme le pétrole et donc économiquement plus avantageux que le méthane qui ne peut que brûler.

L'étude revoit toutefois nettement à la baisse ses estimations des réserves potentielles de gaz de schiste pour l'Hexagone, à 3,9 milliards de mètres cubes (137.000 milliards de pieds cubiques) contre 5,1 milliards lors d'une étude similaire parue en 2011. Pour la Pologne, les réserves sont revues à 4,19 milliards de mètres cubes contre 5,3 milliards il y a deux ans.

A titre de comparaison les réserves estimées de gaz de schiste de Russie s'élèvent à 47,8 milliards de mètres cubes et celles des Etats-Unis à 16,1 milliards.


Exploitation entre succès, craintes et déconvenues
Grâce aux technologies combinées de la fracturation hydraulique (fracking) et du forage à l'horizontale, le pétrole et le gaz de schiste représentaient 29% de la production américaine d'or noir et 40% de celle de gaz en 2012.

L'EIA fait toutefois valoir que «vu les différences dans le monde en termes de formations de schiste, d'un point de vue géologique et de celui des conditions au dessus du sol, l'étendue de la rentabilité économique des ressources techniquement recouvrables n'est pas encore claire».

En Pologne, les premiers résultats de l'exploration des roches de schiste «n'ont pas atteint les attentes élevées du secteur», remarque l'EIA, rappelant qu'ExxonMobil y a abandonné l'exploration tout comme Marathon Oil et Talisman.

Au Royaume-Uni, la géologie plus complexe rend les perspectives d'exploitation plus compliquées qu'aux Etats-Unis, estime l'EIA. En outre, «la fracturation hydraulique a eu un début catastrophique» en provoquant «de petits tremblements de terre localisés», qui ont entraîné son interdiction pendant 18 mois pour que le gouvernement évalue les risques. En décembre 2012, le gouvernement britannique a «finalement approuvé l'exploration conditionnelle» des roches de schiste.

En France, l'étude rappelle que la société australienne Elixir a acquis dans le bassin de Moselle une concession de quelque 5.000 km².

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