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l'Iran et sa bombe, l'obsession de Netanyahu

On peut sans doute reprocher beaucoup de choses au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Mais s'il y a un point sur lequel il n'a jamais varié, c'est sa volonté de mettre en garde contre les éventuelles menaces nucléaires, aujourd'hui venant d'Iran, qui pèseraient sur Israël et le reste du monde. Une stratégie dans laquelle il entend embarquer les pays occidentaux.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Benjamin Netanyahu évoquant le risque d'une bomba atomique à la tribune de l'ONU, le 27 septembre 2012. (STAN HONDA / AFP)

Benjamin Netanyahu est en pleine campagne électorale pour rester à la tête d'Israël. Un poste qu'il a occupé pour la première fois en 1996. Dans sa statégie politique, Il a toujours mis en avant l’Iran, comme menace numéro un d’Israël. Même s'il avait auparavant mis en garde contre une éventuelle bombe irakienne. 

Israël ne s'en est pas tenu qu'aux discours en cette matière. En 1981, l'aviation de l'Etat hébreu avait lancé un raid sur un réacteur nucléaire irakien, Osirak, vendu par la France. Begin était alors au pouvoir.

Dès son premier mandat, Netanyahu s'est inscrit dans ce combat. En juillet 1996, déjà devant le Congrès américain, le tout récent Premier ministre israélien met en garde contre l'Iran qui serait «tout proche» de développer l’arme nucléaire. Seule différence avec aujourd’hui, le faucon israélien mettait alors aussi en garde contre la menace… irakienne. 

Dans ce discours, Benjamin Netanyahu parlait déjà d’Etats terroristes…On était bien avant le 11-Septembre. «Ceci n’est pas de la sur-dramatisation», assurait-il.
 
19 ans plus tard, pour Netanyahu, toujours bloqué sur la question palestienne, le danger est toujours aussi «proche»… même si dans les faits rien ne s’est passé.
 
M.Netanyahu pouvait être précis dans ses attaques. En 1995, dans un livre intitulé Lutte contre le terrorisme, il affirmait que l’Iran pouvait avoir la bombe dans «trois à cinq ans », rappelle le site The Intercept. Le même site fait état d’infos provenant de wikileaks de 2009 le décrivant en train d’informer une délégation américaine que l’«Iran a la capacité maintenant» de faire une bombe… 
 
Entre-temps, en 2002, le Premier ministre israélien avait centré ses attaques contre la menace nucléaire irakienne… Avec les résultats que l’on sait. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, ne s'est d'ailleurs pas privé de rappeler que Benjamin Netanyahu avait été partisan de l'invasion américaine de 2003 en Irak, pays dans lequel on n'a trouvé aucune arme de destruction massive. 

Les phrases prononcées par Netanyahu le 3 mars 2015 devant le Congrès américain ont gardé la même tonalité: «Le régime iranien représente une grande menace pour Israël, mais aussi pour la paix du monde entier.» «Pendant que beaucoup espèrent que l'Iran va rejoindre la communauté des nations, l'Iran est en train d'avaler plusieurs nations. Nous devons être unis pour stopper la marche terrible de l'Iran.»

En 2012,  toujours dans son entreprise de persuasion, «Bibi», son surnom en Israël, monte à la tribune de l’ONU pour que l’on fixe une «ligne rouge» à l’Iran et présente «un croquis. Le dessin d'une bombe à la mêche allumée symbolisant les trois étapes de développement du programme nucléaire iranien, sur laquelle il s'est empressé de tracer au marqueur rouge la ligne à ne pas franchir. Une méthode simple, digne d'un enseignement de classe primaire», raconte Le Monde à l’époque.

Le dessin enfantin du premier ministre israélien a défaut de régler le dossier iranien aura fait le buzz. Le magazine américain New Yorker avait même ironisé en demandant à ses lecteurs de proposer à Netanyahu leurs propres dessins de bombe...


Changement de régime à Téhéran
«Qu'allons-nous faire sans l'épouvantail, le fanatique Ahmadinejad ? Qu'allons-nous devenir sans le "Hitler perse" ? Nous allons soit devoir revenir à la réalité, soit nous trouver rapidement un nouveau Satan», ironisait en juin 2013 le quotidien israélien à grand tirage Yediot Aharonot. Dès la victoire de Rohani, le Premier ministre israélien était monté au créneau, plaidant immédiatement: «La communauté internationale ne devrait pas se bercer d'illusions et être tentée d'alléger la pression exercée sur l'Iran pour qu'il cesse son programme nucléaire.»

Benjamin Netanyahu a montré que changement de régime ou non à Téhéran, son discours ne changeait pas. Et tant pis pour ceux qui l'accusent de «crier au loup» depuis 20 ans.
 
Pour Charles Enderlin, il n’y a pas que de l’électoralisme dans la démarche du Premier ministre israélien à quelques jours des législatives. «Benjamin Netanyahu est intimement persuadé qu’il doit sauver Israël, le peuple juif et le monde. Il le répète depuis des décennies. Déjà le 10 juillet 1996, lors de sa première intervention devant les deux chambres du Congrès, il avait lancé un avertissement: "Le problème du Proche Orient est que cette région n’est pas démocratique, elle est même partiellement anti-démocratique, radicalisée et terrorisée par un certain nombre de dictatures dont le crédo est fondé sur la tyrannie et l’intimidation. Le plus dangereux de ces régimes est l’Iran où un despotisme cruel est lié à un militantisme fanatique. Si ce régime ou son voisin despotique, l’Irak (de Saddam Hussein) devaient se doter de l’arme nucléaire, cela aurait des conséquences catastrophiques, pas seulement pour mon pays, pas seulement pour le Moyen Orient mais pour l’ensemble de l’humanité…"», écrit-il sur son blog.

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