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Mali, Libye, Niger : l'armée française en première ligne contre les djihadistes

Le 1er août 2014, l’armée française lançait l’opération Barkhane pour lutter contre les groupes armés au Sahel. Deux ans plus tard,la sécurité semble rétablie au Mali, à l’exception de la vaste zone désertique où se cachent les narco-trafiquants djihadistes. Mais la dissémination en Afrique de l’Ouest des 3000 combattants de l’EI susceptibles de quitter le terrain libyen inquiète les observateurs.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Soldats français de l'opération Barkhane en patrouille à Tombouctou. (Reuters/ Joe Penney)

L’opération Barkhane a élargi aux pays sahéliens la mission Serval lancée en 2013 par la France pour stopper l’offensive djihadiste qui menaçait la capitale malienne. Le dispositif de renseignement, d’observation par drones et de frappes des groupes armés, mis en place par Paris, a permis de mettre hors de combat, en deux ans, 240 combattants (tués ou arrêtés) d'Aqmi (Al Qaida au Maghreb islamique) et d’Ansar Dine.
 
Des résultats contre le terrorisme
L’arrestation, le 27 juillet 2016, d’un des chefs d’Ansar Dine est une prise de taille. Mahmoud Barry, dit Abou Yehiya, est à l’origine des nombreuses attaques contre les forces armées maliennes, dont celle du 19 juillet 2016 qui a tué 17 soldats à Nampala (près de Ségou, au centre du Mali).

Implantation de la force militaire française Barkhane au Sahel (Carte de l'Etat-Major des Armées (mars 2016))
  
Les 3000 soldats français, positionnés au Tchad, Niger, Mali, Mauritanie et Burkina Faso, et aidés par les 11 000 casques bleus de la Minusma (Mission des Nations Unies au Mali), ont réussi à rétablir un semblant de sécurité dans la région.

La menace ne faiblit pas
La situation reste néanmoins fragile, avec plus d’une centaine d’attaques d’Aqmi et de ses alliés recensées en Afrique de l’Ouest depuis janvier 2016, dont plusieurs attaques contre des hôtels à Ouagadougou, Abidjan (Grand-Bassam) et Bamako.
 
Dans la région de Gao (nord du Mali), le Mujao et Ansar Dine, bien qu’affaiblis, poursuivent leurs attaques sporadiques contre les forces de la mission des Nations Unies. Plus de 80 casques bleus sont tombés au Mali depuis 2013.
 
Dans le nord du pays, des zones entières, difficilement accessibles, échappent encore au contrôle des forces maliennes et onusiennes. Malgré la signature d’un accord de paix censé isoler la rébellion touareg des djihadistes, l’irrédentisme touareg persiste dans la région de Kidal (nord-ouest du Mali).

«Al-Qaïda et ses alliés Ansar Dine et al-Mourabitoune conservent la capacité d’opérer ouvertement au Mali. Et contrairement aux années précédentes, ces groupes ont été en mesure de frapper dans toute l’Afrique de l’Ouest», constate le Long War Journal, qui craint que 2016 soit l'année la plus meurtrière depuis 4 ans.

Ecusson de l'opération miliaire française Barkhane lancée le 1er Août 2014 (AFP/ Miguel Medina)

L'inquiétude libyenne 
L’inquiétude vient aujourd’hui des combats dans le nord de la Libye qui pourraient pousser près de 3000 combattants de l’EI à quitter le théâtre libyen pour se disperser en petits groupes dans tout le Sahel et se fondre dans ces zones désertiques faiblement contrôlées.

Dans un rapport présenté le 15 juillet 2016 devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU affirme que «la défaite de l’EI à Syrte semble être à portée de main, ce qui pousse de nombreux combattants à fuir vers le sud de la Libye et vers la Tunisie. D’autant que Syrte est considérée comme l’un des principaux bastions du groupe extrémiste en dehors de la Syrie et de l’Irak».«Des dizaines de combattants tunisiens sont retournés dans leur pays avec l'intention de perpétrer des attentats», a précisé Ban Ki-moon.

Selon ce rapport, «Mokhtar Belmokhtar, le chef d’Al-Mourabitoune, actif dans le Sahel, voyage très facilement en Libye et le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, a une base dans le sud du pays».

Les forces spéciales françaises sont présentes dans le nord de la Libye, comme vient de le reconnaître le gouvernement français après la mort de trois membres de ces unités. «La Libye connaît une instabilité dangereuse. C'est à quelques centaines de kilomètres seulement des côtes européennes...Trois de nos soldats qui étaient justement dans ces opérations viennent de perdre la vie dans le cadre d'un accident d'hélicoptère. Je leur rends hommage aujourd'hui», déclarait le 20 juillet 2016 le président François Hollande  .

On le comprend, les 15 000 soldats onusiens et français, présents sur le terrain, pourraient ne pas suffire à éteindre l’incendie qui couve dans ces zones désertiques et déshéritées. Le chômage massif de jeunes toujours plus nombreux (en raison d’une croissance démographique qui fait doubler la population tous les vingt ans) risque d’alimenter le vivier des islamistes. «L’absence de travail et de revenus explique bien plus le succès des groupes armés de trafiquants de drogues et de cigarettes, que l’attrait des thèses djihadistes», affirme le chercheur Serge Michailof dans son livre au titre éloquent: Africanistan
 

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