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Maroc: les autorités accusées de «violations des droits de l’Homme» dans le Rif

Une vingtaine d’associations des droits de l’Homme ont épinglé les autorités marocaines sur la répression du mouvement de contestation populaire et pacifique dans la région du Rif. Elles dénoncent des arrestations abusives et des cas de tortures. Depuis fin mai 2017, 135 personnes ont été arrêtées dont 7 journalistes.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
A Rabat, le 20 juin 2017, les forces de sécurité marocaines interpellent une femme venue manifester sa solidarité avec le mouvement de contestation dans le Rif et pour la libération des personnes arrêtées.  (Jalal Morchidi/Anadolu Agency/AFP)

Dans un rapport rendu public le 21 juin 2017, la coalition marocaine des droits de l’Homme dénonce la violence de la répression du mouvement de contestation populaire et social qui secoue la région du Rif depuis plusieurs mois.

Des «arrestations abusives» et «des cas de torture» 
Cette coalition qui regroupe 22 associations s’insurge face à la répression qui s’est abattue sur les manifestants du «Hirak» et fait état d’arrestations «abusives» et de «cas de tortures» dans la ville d'Al-Hoceima.

Une ville du nord du pays, désenclavée et plongée dans un marasme économique avec un taux de chômage deux fois plus élevé que la moyenne nationale.
 
Depuis fin octobre 2016, suite à la mort d’un vendeur de poisson broyé dans une benne à ordures en essayant de sauver sa marchandise saisie par la police, Al-Hoceima est devenue l’épicentre d’un mouvement de contestation populaire et pacifique.
 
Objectif du soulèvement: lutter pour le développement du Rif, une région historiquement frondeuse car trop marginalisée.

Des rassemblements pour réclamer la libération des personnes détenues 
Depuis l’arrestation fin mai d’une centaine de manifestants, dont les principaux meneurs du mouvement poursuivis notamment pour «atteinte à la sureté intérieure», la tension est montée d’un cran.
 
Les rassemblements sont devenus quasi-quotidiens dans la ville, comme dans les localités voisines, pour exiger la libération des détenus. La coalition qui a récemment entamé une mission à Al-Hoceima et mis en place une commission d’enquête, a affirmé que 135 personnes avaient été arrêtées depuis fin mai, dont 7 journalistes.
 
A l’issue d’un premier procès, 25 jeunes ont été condamnés le 14 juin à 18 mois de prison. Selon la coalition des droits de l’Homme, certains ont affirmé avoir signé des procès verbaux «sous la menace». Ils auraient également subi des violences physiques de la part des policiers. Des accusations rejetées par le ministère de la Justice.
 
Dans ce même rapport, la coalition dénonce également l’usage «excessif» de la force lors des interventions des forces anti-émeute, avec l’usage de matraques et de bombes lacrymogènes contre des manifestants pacifistes.

Le dirigeant de la contestation, Nasser Zefzafi, battu et insulté par la police
De leur côté, dans un communiqué commun publié le 22 juin 2017 depuis Tunis, l'ONG de défense des Droits de l'homme Human Rights Watch et Amnesty International rapportent que le dirigeant de la contestation dans le Rif, Nasser Zefzafi, avait été battu et insulté par la police au moment de son arrestation le 29 mai avec deux autres miulitants.

A Casablanca où il a été transporté par les forces de l'orde, «la police a emmené Zefzafi se faire soigner, y compris pour des points de suture à la tête, et lui a donné des vêtements propres pour remplacer les siens plein de sang», ont encore précisé les deux organisations. 

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