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Qui sont ces milices chiites qui promettent de défaire Daech près de Mossoul ?

Les miliciens de Hached al-Chaabi ne sont pas inconnus en Irak. Leur dernier fait d’armes est la libération de Falloujah. Les unités de la Mobilisation Populaire rassemblent des chrétiens, des sunnites, des yézidis, mais surtout des chiites. Elles entendent prendre leur revanche sur Daech. Soutenues par l'Iran, elles suscitent la méfiance des Kurdes et d'Ankara.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les Hachd al-Chaabi ont annoncé avoir repris au moins quatre villages à Daech (AHMAD AL-RUBAYE / AFP  )

Elles n’entreront pas à Mossoul. Les Hachd al-Chaabi ont annoncé avoir repris au moins quatre villages au sud-ouest de Mossoul, dont l'un, Al-Imraini, est situé à 45 kilomètres de Tal Afar, l'objectif principal de leur offensive. Le gouvernement irakien a demandé aux Hachid Chaabi de ne pas participer à l'offensive contre Mossoul, ville à forte population sunnite, pour éviter de s'aliéner les habitants. Les milices chiites ont souvent été accusées par le passé de s'être livrées à des exactions contre les civils dans les villes qu'elles ont reconquises. Notamment à Falloujah où des dizaines de jeunes adultes ont disparu.
 
Créées en juin 2014, immédiatement après la prise de Mossoul par le groupe Etat islamique et suite à l’appel à la population de l’ayatollah Ali al-Sistani à prendre les armes pour combattre les «terroristes et défendre leur pays», les forces de FMP (Forces de mobilisation populaire, Hached al-Chaabi) compteraient aujourd’hui près de 80.000 volontaires. Elles ne dépendent pas de l’armée irakienne mais leur rôle ne cesse de croître. Comme on l'a vu à Tikrit, Ramadi et ensuite Falloujah, Bagdad compte sur ces milices dans son combat contre l’Etat islamique.
 


Couper le chemin de la Syrie
Ces milices paramilitaires rêvent de revanche. Comme elles ne peuvent pas entrer à Mossoul, elles veulent être de toutes les batailles autour de la ville (capitale de Daech). Les miliciens insistent pour prendre part aux opérations en attaquant Tal Afar, une ville qui présentait autrefois une grande mixité religieuse et ethnique mais dont les habitants chiites ont fui lors de l'offensive de l'EI il y a deux ans. La reconquête de cette ville, située à environ 70 km à l'ouest de Mossoul, et à mi-chemin entre la grande métropole et la ville de Sindjar, déjà reprise à l'EI par les forces kurdes, couperait un peu plus la voie de repli des djihadistes vers la Syrie.

 
«Notre mission est d'empêcher la fuite (de l'EI) vers la Syrie et d'isoler  totalement Mossoul de la Syrie. Nous nous attendons à une bataille violente et difficile», a expliqué à l'AFP un porte-parole des milices, Jawad  al-Tulaibawi. La participation du Hachd al-Chaabi à l'offensive est source de tensions. Les dirigeants irakiens kurdes et arabes sunnites s'y opposent, tout comme  Ankara, qui a déployé des soldats à l'est de Mossoul malgré les demandes  répétées de Bagdad pour le retrait des troupes turques.  

Les Forces de mobilisation populaire ont terminé leurs préparatifs dans la ville de Kayyara, au sud de Mossoul, pour rejoindre Tal Afar.
 
Les combattants de Hached al-Chaabi sont entrés parfois dans un bras-de-fer avec les autorités irakiennes. En juillet 2016, ils avaient lancé un ultimatum à Bagdad, sans passer à l’action toutefois, quand l’Etat islamique avait multiplié des attentats sanglants dans la capitale irakienne: «Ou vous exécutez les terroristes de Daech qui se trouvent en prison ou ne le ferons nous-mêmes.» Et de menacer de prendre d’assaut la prison de Nasiriyah. Dans leur collimateur : les combattants saoudiens de Daech détenus par Bagdad. 

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