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Sao Tomé-et-Principe, "les îles du chocolat" au large de l'Afrique

Article rédigé par Valentin Pasquier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Le 17 juillet, Sao Tomé-et-Principe élit son président de la République. Malgré une taille comparable à la Martinique, ce petit État d'Afrique multiplie les partenariats à l'international. Une seule condition : la stabilité politique, qui peine à perdurer. Retour en images sur un pays méconnu, mais riche en histoire et en décors édéniques.

La grande île, São Tomé, accueille sur sa petite surface une variété considérable d'écosystèmes. Les savanes du nord jouxtant la capitale et son aéroport laissent rapidement place aux "forêts de brume" lorsque l'on s'aventure au sud dans les montagnes. Si le plus haut sommet, le Pico de São Tomé, culmine à 2024 mètres, les pitons rocheux lancés vers le ciel tels le Pico de Gran Cão (Pic du Grand chien, photo) n'en demeurent pas moins impressionnants. Les deux îles abritent une cinquantaine d'espèces d'oiseaux endémiques aux noms improbables, tels que l'euplecte monseigneur et le tisserin de São Tomé. Aujourd'hui, près d'un tiers du pays est classé parc naturel. (MICHAEL RUNKEL / ROBERT HARDING PREMIUM / ROBERTHARDING)
Sao Tomé-et-Principe est l'un des plus petits États d'Afrique, situé dans le golfe de Guinée. Le pays est formé de deux îles principales d'origine volcanique, symbolisées par les étoiles noires du drapeau: São Tomé, au sud, qui abrite la capitale du même nom, et Principe, à 152 kilomètres au nord. À cheval sur l'Équateur et le méridien de Greenwich, le pays est surnommé "les îles au milieu du monde". (Valentin Pasquier)
L'archipel compte environ 170 000 habitants, soit autant que la ville de Reims. Les Santoméens sont riches d'une culture métissée, due à leur passé de colonie portugaise. Si Sao Tomé-et-Principe est officiellement lusophone, près de 85% de la population utilise le créole pour dialoguer. Les traditions catholiques se devinent dans les nombreuses fêtes de villages et les carnavals (ici, celui de la capitale en 2015), qui mêlent chants, danses et procession avec statues de saints. (MICHAEL RUNKEL / ROBERT HARDING PREMIUM / ROBERTHARDING)
Le fort de São Sebastiano, bâti en 1575 par les Portugais, témoigne de cette identité santoméenne aux racines mutliples. Aujourd'hui, il héberge le musée national du pays. Les visiteurs peuvent y apprécier des oeuvres allant de l'art vaudou aux peintures d'inspiration biblique. L'histoire de Sao Tomé-et-Principe commence en 1470, lorsque la plus grande île fut découverte par Pedro Escobar et João de Santarém. Ces deux explorateurs portugais y accostèrent le jour de la Saint-Thomas: le nom de l'île fut tout trouvé. Ils arriveront à Principe peu de temps après. Dans le musée, on trouve aussi les ossements du gouverneur João Baptista Da Silva, qui, du Brésil, introduisit le café sur l'Île de Principe en 1787. (MICHAEL RUNKEL / ROBERT HARDING PREMIUM / ROBERTHARDING)
Introduit à son tour en 1822, le cacao signe la renaissance de São Tomé-et-Principe et sa reconquête par le Portugal. Car depuis la fin du XVIIe, les îles furent successivement pillées par les Hollandais et les Français, anéantissant les cultures de canne à sucre, alors principale production santoméenne. São Tomé-et-Principe devint alors le premier pays d'Afrique à cultiver le célèbre cabosse. Il en fut aussi le premier producteur mondial de cacao jusqu'à l'aube de la Première Guerre mondiale. Il perdit progressivement ce rang au profit de la Côte-d'Ivoire et du Ghana. Aujourd'hui, le cacao représente 80% des exportations du pays, dont la moitié de la clientèle est hollandaise. Les ouvriers locaux (ici à la plantation de Roca Monte Café) n'ont, quant à eux, probablement jamais gouté au chocolat qu'ils ont participé à élaborer. (MICHAEL RUNKEL / ROBERT HARDING HERITAGE / ROBERTHARDING)
Depuis l'indépendance du pays en 1975, la culture du café et du cacao sont tombées en désuétude. Certaines des gigantesques plantations de l'époque coloniale, appelées roças, furent abandonnées ou réappropriées par la population. Au nord de Principe, la Roça Sundy (photo) et l'île atenante de Bom Bom furent récemment achetées par le sud-africain Mark Shuttleworth. Le milliardaire y a crée le Bom Bom Resort, un hôtel de luxe devenu le principal employeur de l'île. (Esme Allen/REX Shutters/SIPA)
Plutôt que de développer un tourisme "grand public" comme les Seychelles, son homologue insulaire de l'océan Indien, Sao Tomé-et-Principe entend préserver au maximum sa biodiversité et privilégier le tourisme écologique. "Nous visons une clientèle haut de gamme qui puisse dépenser environ 500 dollars par jours", déclarait le Premier ministre Patrice Trovoada à l'Opinion en avril 2016. Principe est aujourd'hui reconnue comme réserve de biosphère par l'Unesco. Ici, le Lagoa Azul et son phare, au nord-est de São Tomé. (MICHAEL RUNKEL / ROBERT HARDING PREMIUM / ROBERTHARDING)
L'archipel lusophone a obtienu son indépendance le 12 juillet 1975, suite à la Révolution des oeillets au Portugal. Le massacre de Batepá, où périt un millier de Santoméens en 1953, a précipité cette volonté d'émancipation. Aujourd'hui, Sao Tomé-et-Principe est resté très soudé au Portugal, où vivent environ 50 000 de ses ressortissants. Le chef de l'État se rend régulièrement à Lisbonne pour rencontrer son homologue portugais (Manuel Pinto Da Silva ici en 2012 au palais de Belém, avec Aníbal Cabaco Silva). (Pedro Nunes/Sipa USA/sipausa.11210634/***WORLD RIGHTS***/1207251428)
Manuel Pinto Da Costa est l'actuel président... mais aussi le premier dont s'est doté le pays. À l'indépendance, en tant que leader du Mouvement de Libération de Sao Tomé-et-Principe (MLSTP), il instaure une République à parti unique et règne en maître jusqu'en 1990. Alors que la Guerre froide prend fin, Pinto Da Costa opte pour le multipartisme et ouvre son pays aux Occidentaux. Remplacé par son ancien Premier ministre Miguel Trovoada après les élections de 1991, il se retire de la politique. Avant de se représenter en 1996, 2001 et d'être réélu en 2011 (ici, en 2015 en visite à Abuja, Nigéria). (Afolabi Sotunde / REUTERS)
En 1997, Sao Tomé-et-Principe tourne le dos à la Chine en devenant un des rares États à entammer des relations avec Taïwan. En gage d'amitié, les Asiatiques investissent dans le pays et participent à y éradiquer le paludisme. Ci dessus, le sommet africano-taïwanais de 2007 à Taipei, réunissant entre autres le président santoméen Fradique de Menezes (2e à droite) et son homologue taïwanais Chen Shui-Bian (3e à gauche). La découverte de gisements de pétrole dans les eaux territoriales au nord de l'île de Principe, dont l'exploitation a été accordée aux États-Unis en 2004, fournit, après le cacao, une nouvelle denrée rentable au pays. Cette zone est gérée conjointement avec le Nigéria qui est, avec l'Angola, un des fidèles alliés africains de Sao Tomé-et-Principe. (Chiang Ying-ying/AP/SIPA)
Les mandats du président Menezes (2001-2011) marquent une période instable: les gouvernements sont éphémères et le pays connaît deux putschs avortés, en 2003 puis en 2009. La période voit aussi l'émergence en politique de Patrice Trovoada, fils de l'ancien président, qui devient par trois fois Premier ministre à partir de 2008. Il mène une politique libérale, souhaitant notamment renforcer le rôle de hub commercial de São Tomé en y construisant un grand port à conteneurs. Le 17 juillet 2016, l'actuel chef du gouvernement se présente aux élections contre le président sortant Pinto Da Costa. (NUNES PEDRO/SIPA)
Aujourd'hui, Sao Tomé-et-Principe est considéré comme un État pauvre: 80% de ses recettes proviennent de l'aide internationale. Malgré l'instabilité politique continue, le "leve leve" ("doucement doucement") reste la philosophie de Sao Tomé-et-Principe. Aujourd'hui, les enfants sont nombreux sur les îles (comme ici, à Principe) car 45% des Santoméens ont moins de 15 ans. Le pays jouit d'un système scolaire relativement bon, qui permet aux trois quarts de sa population de savoir lire et écrire... ainsi que d'apprendre le français, langue obligatoire au niveau collège. (Esme Allen/REX Shutters/SIPA)

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