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Turquie: le journaliste français Mathias Depardon détenu et en grève de la faim

Détenu en Turquie depuis le 8 mai 2017, le journaliste français Mathias Depardon s’est mis en grève de la faim le 21 mai, pour protester contre sa détention. Les autorités, en pleine opération de mise au pas de la presse, l’accusent de travailler sans accréditation et de soutenir le Parti des Travailleurs du Kurdistan. Elles n’autorisent toujours pas la France à avoir des contacts directs avec lui
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Capture de photo de la page d'accueil du compte twitter du journaliste Mathias Depardon détenu en Turquie depuis le 8 mai 2017 et en grève de la faim depuis le 21 mai. (Mathias Depardon (Twitter))

Le journaliste indépendant français Mathias Depardon, arrêté il y a deux semaines dans le sud-est de la Turquie, a entamé le 21 mai une grève de la faim pour protester contre son maintien en détention.

Mathias Depardon détenu malgré un arrêté d'expulsion 
C’est Erol Onderoglu, le représentant de Reporters sans Frontières (RSF) en Turquie, qui a révélé l’information, précisant qu’il la tenait lui-même de l’avocate du journaliste.
 
Installé depuis cinq ans en Turquie où il travaille pour plusieurs publications, Mathias Depardon, a été arrêté le 8 mai 2017 à Hasankeyf, dans la province de Batman où il effectuait un reportage pour le magazine National Geographic.
 
Il a été rapidement transféré dans un centre d’accueil géré par la direction des affaires migratoires à Gaziantep, également dans le sud-est du pays où il est retenu depuis, malgré une décision d’expulsion émise à son encontre le 11 mai.
 
«On ne sait toujours pas pourquoi cette décision d’expulsion n’est pas appliquée», a déclaré le représentant de RSF, dénonçant une «situation insoutenable et inacceptable».
 
Le responsable du bureau pour l’Europe de l’est et l’Asie centrale de l’ONG de défense des journalistes, Johann Bihr, a appelé «le nouveau gouvernement français à intervenir fermement pour protéger le photographe et assurer sa remise en liberté».

Les autorités turques empêchent les contacts directs de la France avec le journaliste 
Selon une source diplomatique française, les autorités turques n’ont toujours pas donné suites aux demandes françaises de contacts directs avec lui, soit par visite soit par téléphone.
 
Ankara reproche au photojournaliste de travailler sans carte de presse, sa demande de renouvellement n’ayant pas abouti, ce qui peut conduire à son expulsion comme l’explique Erol Onderoglu. Mais il lui est aussi reproché de soutenir le Parti des Travailleurs du Kurdistan, le PKK, classé «terroriste» par le régime, ce qui pourrait le conduire à une procédure judiciaire, a encore précisé Onderoglu.
 
RSF, ainsi que deux autres organisations de défense de la liberté de la presse et 19 rédactions, ont envoyé une lettre ouverte au ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Saylu, appelant à la libération de Depardon.
 
Les conditions de travail se sont dégradées ces derniers mois pour les journalistes turcs et étrangers en Turquie, selon des défenseurs de la liberté de la presse qui font état d’arrestations, d’expulsions et de difficultés administatives.
 
Le mois dernier, un journaliste italien, Gabriele Del Grande, a été arrêté en Turquie alors qu’il effectuait un reportage à la frontière syrienne sur les réfugiés. Il a été expulsé après deux semaines de détention.

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