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Vatican: «révolution sexuelle» au menu du supplément de l'«Osservatore Romano»

Pour la première fois dans le supplément de l'«Osservatore Romano», journal officiel du Vatican, des femmes catholiques réagissent à la «révolution sexuelle» d'après 1968. Elle a «laissé de nombreux blessés sur le terrain» et mené à l'intervention croissante de l'Etat dans les choix familiaux, commente l'historienne Lucetta Scaraffia, coordinatrice du journal.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Dans l'«Osservatore Romano», journal officiel du Vatican, un supplément couleur de 4 pages pour les femmes paraît en italien chaque dernier jeudi du mois depuis 2012. (AFP PHOTO / OSSERVATORE ROMANO )

L'Eglise a été considérée comme une «ennemie du sexe» parce qu'elle s'opposait à la «révolution sexuelle» qui promettait à tous «le bonheur à travers le plaisir», reconnaît d’emblée Mme Scaraffia, dans ce supplément inédit.

L'historienne dresse un sombre tableau de la «révolution sexuelle» qui a fait, selon elle, des victimes parmi les jeunes «peu protégés par le milieu social», les femmes qui «ne parviennent pas à réaliser leur rêve de maternité» et les «célibataires qui doivent se mesurer, chaque jour, à leur solitude».

«Dans de nombreux pays, ce fut une nouvelle occasion pour l'Etat d'entrer de manière pesante dans la vie des êtres humains, décidant à la place des individus si oui et à quel moment avoir des enfants, en fonction des exigences économiques et sociales», fustige encore la passionaria du Vatican. 

D'où un article intitulé dans ce supplément: «Quand l'Etat pilote les choix en matière de procréation», et un autre titré: «Enquête parmi les adolescents qui cherchent dans le sexe un antidote au vide».

«Bigote», la religion catholique
Pour contrer l'idée que la religion catholique est «bigote» et opposée au sexe, le supplément publie une tribune signée par le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, sur le Cantique des cantiques, grand texte poétique de la Bible décrivant l'attirance mutuelle d'un jeune homme et d'une jeune fille.

Si les condamnations de la «révolution sexuelle» et des politiques familiales des pays occidentaux ne sont pas rares dans les médias du Vatican, c'est la première fois qu’une édition du journal du pape se consacre au point de vue féminin sur ce sujet.

Convaincue de l’importance des femmes pour faire évoluer le clergé moderne, Mme Scaraffia bataille depuis des années au sein du Vatican pour donner la parole aux femmes souvent peu écoutées au sein de l'Eglise. Elle avait créé, il ya deux ans, aux côtés de plusieurs journalistes femmes de l'Osservatore Romano et avec l'appui du pape Benoît XVI, ce supplément mensuel de quatre pages en couleur Donne, chiesa, mondo (Femmes, Eglise, monde).

Contre l'avortement
Editorialiste à l'Osservatore Romano et dans plusieurs quotidiens italiens, elle exprime ce qui la choque dans l'Eglise: l'ambition, la corruption du sexe et de l'argent. Son «féminisme» diffère de celui des autres féministes laïques: elle est contre l'avortement, défend le célibat des prêtres et s'oppose à l'ordination des femmes estimant qu'elles ont une autre vocation que la prêtrise. 

Ainsi en septembre 2013, elle avait réclamé au pape François des femmes cardinaux, selon Le Figaro. «Une voie magistrale, selon elle, pour conférer de l'autorité et augmenter la respectabilité des femmes dans l'Eglise». A 20 ans, cette féministe qui a réussi à faire son trou au Saint-siège, se revendiquait pourtant marxiste, et a même participé à Mai 68, poussée par un père franc-maçon et une tante communiste.

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