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60 milliards de dollars: l’argent des migrants, bouée de l’économie africaine

L’argent de la diaspora constitue une bouée de secours pour les pays en développement. En Afrique, 60 milliards de dollars arrivent chaque année de l’étranger, envoyés par les migrants. Une manne qui fait vivre bon nombre de familles, mais dont l’économie africaine ne tire pas le meilleur.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min

Les envois de fonds vers la famille des travailleurs migrants sont un élément essentiel de l’économie des pays en développement. C’est une question de survie pour les habitants du Liberia, des Comores, de Gambie. En Afrique, les trois grands récipiendaires sont le Nigeria, l’Egypte et le Maroc. Selon RFI, la part de ces transferts pour l’Afrique s’élève à 60 milliards de dollars par le biais de réseaux bancaires comme Western Union et Moneygram. On peut y ajouter une vingtaine de milliards par des canaux non répertoriés, transferts en numéraire par exemple.

La Banque mondiale estime à 429 milliards de dollars les envois de fonds officiellement enregistrés vers les pays en développement par les migrants en 2016. Si le montant est en recul de 2,4% par rapport à l’année précédente, cela ne signifie pas que la pratique diminue.

En fait, le contexte économique mondial a fait du tort aux migrants. Ainsi, la récession économique en Europe a rejailli sur les migrants africains. De même, la baisse du prix du pétrole qui impacte les pays du Golfe a eu un effet pour les migrants du Sud-Est asiatique. Les migrants sont également touchés par le chômage. Ils réduisent ou coupent leurs transferts d’argent, ce qui n’est pas sans conséquences. «La baisse de ces transferts d’argent peut avoir des conséquences graves sur la capacité de ces ménages à se soigner, scolariser leurs enfants et s’alimenter correctement», explique Rita Matalo de la Banque mondiale.

25% du PIB du Liberia 
Cet argent peut représenter le quart du PIB d’un pays comme le Liberia et il est de l’ordre de 10% pour le Sénégal. Et avec 20 milliards de dollars chacun, Egypte et Nigeria sont les deux pays du continent africain à recevoir le plus de transferts. Pour autant, l’Afrique n’est pas le continent le plus impacté. L’Asie, avec l’Inde, la Chine et les Philippines est de loin le plus grand bénéficiaire. Les envois de l’étranger représentent en valeur, les deux-tiers de l’investissement étranger dans les pays en voie de développement. C’est le même rapport pour l’Aide publique au développement.


Mais de l’avis général, cette manne financière est mal utilisée. Déjà, les services de transferts de fonds cités plus haut, ponctionnent allègrement les sommes envoyées. Pour l’Afrique subsaharienne, zone la plus chère, les frais de transaction atteignent près de 10%. Ensuite, cette ressource est très souvent vivrière pour les familles qui la perçoivent. Nourriture, vêtements, scolarisation, habitation parfois.

Un argent peu investi 
Le développement économique est très secondaire. «Le potentiel qu’offrent les émigrés pour l’Afrique reste en grande partie inexploité», regrette sur RFI Dilip Ratha, économiste principal à la Banque mondiale. Gilbert Houngbo, le patron du Fonds international de développement agricole, rêve de faire sortir cet argent de la sphère familiale. L’argent mis en commun contribuerait au développement local. «Nous avons toutefois commencé à travailler dans plusieurs pays sur ce que nous appelons "les associations villageoises d’économies et de prêt". Les membres de ces associations mettent en commun leurs économies puis accordent des prêts pour financer des activités productives dans la communauté.»

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